Cinq sites palafittiques classés au patrimoine mondial de l’humanité
14 mars 2019
Sophie Extier
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14 mars 2019
Sophie Extier
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Comment vivait-on au bord des lacs d’Aiguebelette et du Bourget à la fin de la Préhistoire ?
Difficile de répondre précisément. Pourtant, en 2011, l’UNESCO reconnaissait la valeur universelle de plusieurs site lacustres en Savoie en les ajoutant à son classement du patrimoine mondial de l’humanité. Cette année là, cent-onze sites de six pays d’Europe (Allemagne, Autriche, France, Italie, Slovénie et Suisse) ont été retenus, sous l’appellation commune de « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes », dont cinq en Savoie : celui de Beau-Phare dans le lac d’Aiguebelette et quatre sites dans le lac du Bourget : la baie de Grésine (Brison-Saint-Innocent), la baie de Châtillon (Chindrieux), Saint-Pierre de Curtille-Hautecombe et le littoral de Tresserve, couvrant ainsi une période allant de 3 800 av. J.-C. à 805 av. J.-C.
Ces cent-onze sites fournissent ensemble le meilleur témoignage au monde de la vie des hommes à la fin de la Préhistoire. Par conséquent, le classement comporte des obligations de protection, de conservation et de mise en valeur de ce patrimoine archéologique. L’ensemble des sites français retenus pas l’UNESCO situés dans les lacs concernés, ont ainsi été classés monuments historiques.
Pourquoi ces sites sont-ils appelés « sites palafittiques » ? Le terme « palafitte » vient de l’italien « pala / pieux » et « fitta / fichés » et signifie donc « pieu fiché », car ces sites archéologiques conservés sous l’eau des lacs alpins sont d’abord visibles par les milliers de pieux fichés dans la vase. Ils sont les les vestiges des habitations des premières communautés sédentaires installées en Europe Alpine. Ces habitations lacustres préhistoriques étaient généralement construites sur pilotis et reliées par une passerelle à la rive. Aujourd’hui, il ne restent que des «pieux» enfouis sous les eaux, émergeant de la vase.
En 1989, un plongeur découvre une pirogue de 5,60 m dans le lac du Bourget, au large de la Pointe de l’Ardre, à 130 m de la rive et 32 m de profondeur.
Quelques années plus tard, une étude permet de déterminer qu’elle remonte au temps des Carolingiens. Sa conservation semble due à son immersion sous une couche de vase et de craie lacustre qui l’a préservée des attaques d’insectes et des variations climatiques.
Après sa datation par carbone 14, l’intérêt historique et scientifique de ce vestige ne fait plus aucun doute. La pirogue est donc extraite des eaux du lac en juin 2017. Mais l’opération s’avère délicate : si la pirogue était bien conservée au fond du lac, il faut consolider son état après extraction. Une fois sortie de l’eau, le bois archéologique perd en effet ses propriétés habituelles : son état, proche d’une éponge gorgée d’eau, peut se déformer de façon irréversible. Le séchage à l’air libre n’étant pas envisageable, il était nécessaire de faire appel à des spécialistes pour offrir au précieux vestige les meilleures conditions de conservation.
Le choix s’est porté sur le laboratoire ARC-Nucléart du CEA à Grenoble, spécialiste en conservation et restauration des matériaux organiques poreux. Le traitement consiste à remplacer l’eau contenue dans le bois par de la résine liquide, durcie ensuite par rayonnement gamma. La restauration vise ensuite à consolider les parties fragilisées et à harmoniser son aspect de surface.
La pirogue est revenue à Chambéry afin d’être exposée au Musée Savoisien. Il est fort probable qu’elle devienne une pièce maîtresse du parcours permanent du musée !
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