L’abbaye d’Hautecombe
14 mars 2019
Sophie Extier
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Située sur la rive occidentale du lac du Bourget, sur la commune de Saint- Pierre-de-Curtille, l’Abbaye d’Hautecombe est un lieu de prière depuis le XIIe siècle. Depuis sa fondation, elle est étroitement liée à la Maison de Savoie qui l’a choisie comme nécropole.
Accessible depuis le lac, la majestueuse Abbaye d’Hautecombe révèle toute sa splendeur architecturale quand on l’aborde en bateau plutôt que par la route. Le promontoire rocheux et le versant solitaire de la montagne ont probablement attiré dès le XIIème siècle les cisterciens jusque là établis sur l’autre rive du lac. Il faut dire que la sérénité de l’endroit se prête particulièrement à la méditation et au repos des âmes…Vers 1139, ces derniers délaissent donc leur résidence de la montagne de Cessens pour la petite chapelle qui se trouve sur l’emplacement actuel. Très rapidement, les princes de la Maison de Savoie accordent à l’Abbaye de nombreux privilèges et la choisissent comme sépulture pour les membres de la famille de Savoie puis de quelques-uns des rois et reines d’Italie. Du XIIème au XIVème siècle, le rayonnement d’Hautecombe est immense et ses possessions s’étendent sur l’actuelle région Rhône-alpes. Après cette période active et prospère jusqu’au début du XVe siècle, l’abbaye, comme nombre d’autres maisons religieuses à cette époque, tombe sous le régime de la commende (gestion des biens matériels par une personne extérieure à l’abbaye), et la vie religieuse s’en ressent fortement. Les vocations se font graduellement moins nombreuses jusqu’au XVIIIe siècle et la mission de nécropole est complètement abandonnée.
La Révolution française (qui agrège la Savoie indépendante à la France sous le nom de département du Mont-Blanc) chasse les derniers moines et détruit une partie de l’édifice. L’Abbaye est déclarée bien national et pillée à deux reprises. Elle est alors transformée en faïencerie. Faute d’entretien, les bâtiments se dégradent petit à petit et tombent en ruines.
L’abbaye revient dans le royaume de Sardaigne après le congrès de Vienne au début du XIXe siècle. Elle est alors reconstruite en style baroque troubadour par la volonté du roi de Sardaigne, Charles-Félix de Savoie (1765-1831) et de Marie-Christine de Bourbon-Siciles. Les travaux sont menés sous la conduite de l’architecte Ernesto Melano. L’abbaye est à nouveau confiée aux cisterciens à partir de 1826 ; elle retrouve sa fonction de nécropole des souverains avec l’inhumation du couple royal.
L’annexion de la Savoie à la France de Napoléon III en 1860 ne modifie pas le régime de l’abbaye. Elle appartient à une fondation privée fondée par Charles-Félix et dirigée par l’abbé de la communauté religieuse qui occupe les lieux. Bien que relativement épargnée par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, l’abbaye fait face à une crise après la Première Guerre mondiale, qui amène le remplacement des cisterciens par des moines bénédictins de 1922 à 1992. Durant la Seconde Guerre mondiale, Hautecombe héberge temporairement des religieux polonais. Ceux-ci sont arrêtés par la Gestapo dans l’enceinte de l’abbaye.
À la fin des années 1980, face à l’affluence des visiteurs, les moines bénédictins décident de quitter l’abbaye d’Hautecombe, pour rejoindre l’Abbaye Notre-Dame de Ganagobie (Alpes de Haute-Provence) afin d’y retrouver un lieu plus propice à la contemplation dans le silence et la solitude. La communauté du Chemin Neuf viendra les remplacer à partir de1992.
L’Abbaye est classée Monument Historique depuis 1875. La Communauté du Chemin Neuf et la Fondation d’Hautecombe en assurent l’entretien et la rénovation, en lien et avec l’aide du Conseil Départemental de la Savoie et du Ministère de la Culture.
Près de l’embarcadère, la grange batelière datant de la fin du XIIe siècle est également classée Monument Historique depuis 1875. Cette magnifique voûte aux pieds dans l’eau et à l’élégance romane est une ancienne grange qui servait initialement à décharger les bateaux et à stocker les marchandises. Elle supporte l’immense grenier où était entreposé le blé provenant des terres du monastère. Les barques chargées de sel acheminées du Midi de la France accostaient sous la voûte. Restaurée en 2007 par le Département de la Savoie, il en assure l’animation culturelle en organisant chaque année des concerts et expositions temporaires avec ses partenaires. La grange batelière accueille cet été, du 30 juin au 23 septembre, une nouvelle exposition invitant les visiteurs à la découverte des fastes princiers et baroques de la Maison de Savoie. Un univers où prévaut l’art de la mise en scène du pouvoir révélant l’ambition des princes d’accéder au trône royal…
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