Les roselières du lac

Véritable paradis des oiseaux, des poissons et même des tortues, les roselières couvrent environ 11 km des berges du lac du Bourget. Même si cette surface reste importante, elle a diminué de plus de moitié en à peine 50 ans.

Réaménagement et préservation

La régression constante des roselières aquatiques n’est pas spécifique au lac du Bourget, elle concerne l’ensemble des lacs et cours d’eau d’Europe de l’Ouest. La régulation artificielle des fleuves en est la cause principale. En effet, le développement des roselières exige, entre autres, de grandes variations du niveau de l’eau, plus particulièrement pour le roseau commun. Ce dernier constitue l’élément principal des roselières, sa tige ultra résistante lui permet de rester debout face aux agressions extérieures. Le jonc des tonneliers a, quant à lui, quasiment disparu des roselières lacustres rhônalpines bien qu’il réapparaisse ponctuellement sur les rives du lac du Bourget. D’autres plantes telles les massettes et les scirpes complètent l’écosystème des roselières. Ces dernières ont un rôle primordial dans le fonctionnement du lac car elles contribuent à améliorer la qualité de l’eau et offrent un accueil pour de nombreuses espèces animales. Depuis plus de 15 ans, le Conservatoire des espaces naturels de Savoie entreprend de préserver, restaurer et redynamiser le développement des roselières par l’intermédiaire d’actions multiples tels que la construction d’ilots ou la mise en place de plantations. Dans cette optique, une grande roselière située au sud du lac du Bourget a été réaménagée au niveau des alentours du Château de Thomas II sur la commune de Bourget-du-Lac. Cet espace préservé du domaine de Buttet et du marais des Aigrettes est devenu un endroit privilégié pour les oiseaux migrateurs et un lieu idéal de nidification.

Des abris pour la faune et des lieux d’observation

Cette réserve n’est pas ouverte au public mais plusieurs endroits ont été aménagé pour observer la faune lacustre sans déranger la quiétude des lieux. Des oiseaux, tels le grèbe huppé, la foulque macroule, le courlis cendré ou le canard nette rousse entre autres, des poissons tels le lavaret ou la carpe mais aussi des castors, des tortues et des libellules se laissent apercevoir le long des berges du lac du Bourget. Ouvert au public, l’observatoire des Aigrettes permet d’observer différentes espèces. L’accès s’effectue par le chemin menant au Château de Thomas II. Un deuxième point d’observation situé à la base de loisirs des Mottets offre la possibilité de découvrir les tortues Cistudes. Espèce en voie de disparition, cette tortue lacustre est réintroduite dans le lac depuis l’an 2000 et s’y développe avec succès. Un autre endroit, au départ du Grand Port d’Aix-les-Bains, cumule promenade bucolique et approche globale de la faune et la flore du lac. Intitulé au fil de l’eau, ce sentier découverte est balisé de points d’observation discrets pour contempler la vie des roselières. De plus, le lieu est parfait pour s’intéresser aux différentes espèces de poisson, essentiellement sur les berges et au niveau des passerelles, ou attendre discrètement, à la nuit tombée, le passage d’un castor.

Le vent dans les roseaux, une ode à la poésie

La beauté du lac et la nature sauvage ont largement inspiré poètes et écrivains, notamment Lamartine. Tombé conjointement sous le charme de Julie Charles et de l’endroit, il a écrit ici son célèbre poème Le lac.

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
 
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !
 
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !
 
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit et l’on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
Extrait Le lac, Lamartine, 1820